Seo Min Hun
« don't talk to strangers; » ■ pseudo : aster.■ récits : 33■ avatar : yang yoseob.■ here since : 27/02/2013 ■ âge : 31■ song of the moment : one day - asaf avidan. ■ points : 86■ i'm so (un)popular : ■ i'm right here : ▬ with neo.
| Sujet: lady moon is watching us, let's talk about that meaningless past in front of her. Ven 1 Mar - 12:18 | |
| Et ça roule, roule, roule…
Vendredi 1er mars, Salle d’Histoire de la Magie
… roule, et roule, et roule, et…
Les yeux fixement rivés sur la mappemonde que le professeur d’Histoire de la Magie venait de faire tourner pour montrer de son gros doigt boudiné un petit pays d’Afrique centrale et qui continuait désormais de rouler dans son cadre, Min Hun dodelinait mollement de la tête. Maladroitement - Seigneur que son bras pesait lourd ! - il cala son menton dans sa paume pour redresser un peu sa posture. Roule, roule, roule… Cette Terre miniature, qui avait pourtant cessé tout mouvement, semblait, aux yeux embués de Min Hun, continuer sa course effrénée et il voyait encore ses couleurs se mêler les unes aux autres. Comme un arc-en-ciel, haha. Un bref rire niais s’échappa de sa bouche, ce qui fit se retourner quelques élèves de la classe. Le professeur lui jeta également un regard appuyé - il ne l’aimait pas, ce connard, cet espèce de fasciste dégarni aux joues rongées par l‘eczéma - puis repris son cours comme si de rien n’était. Min Hun fit mine de feuilleter son livre distraitement, puis, après s’être assuré que le professeur ne faisait plus attention à lui, recommença de bâiller aux corneilles. Certains le pensaient idiot, pensaient qu’il avait de mauvaises notes et qu’il passait chaque fois son année à la raclette, mais c’était totalement faux. Min Hun n’en avait peut-être pas l’air, mais il était plutôt intelligent. Pour quelqu’un qui bossait si peu, il avait des résultats tout à fait corrects. Pas besoin de notes ni de révisions, s’il écoutait un peu en classe, cela suffisait pour que les choses les plus importantes lui rentrent dans le crâne sans trop d’efforts. Il fallait bien qu’il fût chanceux quelque part, n’est-ce pas ? De son sac de cours dépassait le goulot d’une bouteille de Jack Daniels et le jeune sorcier l’enfonça un peu plus dans les profondeurs de la sacoche, par sécurité. Il avait déjà eu suffisamment de problèmes à cause du cannabis, il valait mieux ne pas en rajouter une couche en dévoilant clairement ses bouteilles aux professeurs. Surtout pas à celui-là. Une fois réinstallé sur sa chaise, il essaya - sérieusement, il essaya vraiment - de se concentrer pour écouter le cours. Évidemment, cela ne marcha absolument pas. Il voyait trouble, il avait l’impression d’entendre chaque bruit résonnant dans la pièce comme amplifié et il se sentait tout mou, tout ramollo, tandis que toutes les formes autour de lui semblaient pixellisées. Min Hun tripait, et il n’était que dix heures du matin.
Le reste de sa journée se passa comme d’habitude : il ne se sentait plus et se réveillait parfois dans des endroits vers lesquels il ne se rappelait pas être allé. Parfois, il lui semblait qu’il avançait dans le temps : qu’il savait ce que ses potes allaient lui dire comme si la scène s’était déjà produite. Sa mémoire immédiate se décollait doucereusement des parois de son cerveau, lui ôtant certains souvenirs tout bêtes tels que son âge, le jour que nous étions et parfois même son propre prénom. Min Hun planait. Il ne détestait ni n’appréciait vraiment cela. C’était comme ça, un point c’est tout. Parfois, le gamin se disait qu’on ne pouvait de toutes façons plus rien pour lui. Il avait conscience d’être le seul, à présent, à pouvoir se sortir de cet absurde cercle vicieux, mais il était faible. Si faible. Prendre les choses en main impliquait bien trop de complications, et, oh non, Min Hun n’était pas prêt à ça. Pas encore. Si Min Hae, sa tendre jumelle, le regardait depuis l’endroit où elle se trouvait à présent, il savait qu’elle serait occupée à pleurer à chaudes larmes pour l’âme viciée de son frère. Avouons-le : le rouge avait clairement honte de sa situation, mais il s’y était tellement habitué qu’il lui était parfaitement impossible de s’en défaire ainsi que de décrocher. C’était bien triste à dire, mais du haut de ses vingt ans, il était déjà alcoolique et drogué, soit tout ce qu’il y a de plus malsain pour un jeune qui aurait pourtant eu bien mieux à faire que de regarder son reflet au fond d’une bouteille de vodka.
La sonnerie le tira brutalement de sa rêverie. Il était à nouveau assit dans une salle de classe, mais c’était celle de métamorphose cette fois-ci. Tout autour de lui, les élèves s’empressaient de ramasser leurs affaires et de se lever pour rentrer à leurs manoirs en attendant l’heure du dîner. Rejetant son sac sur son épaule, il tituba à leur suite jusqu’au couloir… puis se retrouva soudain dans sa chambre, une main fermement accrochée à son armoire. Éberlué, il se rappela vaguement avoir marché jusqu’ici. C’était comme transplaner sauf qu’il se souvenait tout de suite après qu’il avait, en vérité, parcouru tout le chemin lui-même. Il était seulement trop défoncé pour s’en être rendu compte. Un long soupir nerveux lui traversa les lèvres. Min Hun avança, tout tremblant, jusqu’à sa table de nuit, dont il ouvrit le tiroir supérieur tout en s’asseyant à l’extrême bord du lit… ce lit qui lui semblait si grand… immense, en fait. S’il s’y installait plus confortablement, il eut soudain peur d’être avalé par les draps et couvertures et s’agrippa davantage à la tête de lit, effrayé. De sa main libre, il prit un paquet de cigarettes qui ne contenait évidemment pas que des cigarettes. Maladroitement, il en tira un joint - qu’il eut tout le loisir de choisir parmi ceux qu’il avait fait en réserve ce matin en prévision de ce doux moment - et l’alluma en luttant férocement contre le tremblement compulsif de ses mains. Certes, Min Hun se trouvait actuellement dans la chambre, mais ce n’était pas la première fois qu’il s’en grillait un ici… oh pis merde, de toutes façons il se foutait bien de ce que pouvaient penser ses nouveaux colocataires. Oui, je dis nouveaux puisqu’il il avait atterri cette année dans cette chambre car de nombreux élèves d’ineo étaient partis ou avaient redoublé, ce qui avait demandé un petit remaniement de l’organisation des lits. Lui qui était pourtant très satisfait de son ancien lieu d’habitation, avait été horrifié en constatant de l’identité de ses camarades. Enfin, en constant l’identité de l’un d’entre eux en particulier. Yang Neo. Oh, ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas - justement, dirons-nous. Il l’aimait bien, ce bougre. Un peu plus que bien, même. Il faut dire que ces deux drôles d’oiseaux avaient été les meilleurs amis du monde durant des années. Accompagnés de la petite sœur de Min Hun, ils avaient fait les quatre-cent coup dans leur préadolescence et franchement, ça avait sans doute été la période la plus heureuse de l’existence de Min Hun. Mais toutes les belles histoires ont une fin : Neo et Min Hae avaient commencés à sortir ensemble - ce qui aurait dû ne pas être un problème, mais en était bizarrement très vite devenu un - puis Min Hae était décédée de son cancer. On peut dire que Min Hun, qui n’était déjà plus très au clair dans sa tête à cette période-là (pouvait-il être humainement possible de jalouser à ce point sa si chère jumelle lorsqu’il la voyait avec son meilleur ami ?) avait reçu, par cette mort inattendue, le coup fatal qui n’avait pas manqué de le balancer au fond du gouffre. Et depuis, c’était devenu un vrai petit junkie. Il n’avait par ailleurs pas manqué de couper tout contact avec Neo, comme ça, sans donner d‘explication. Enfin bref, tout ça pour dire qu’il avait tout tenté pour être changé de chambre, mais rien n’avait pu le sauver de cette terrible situation : Min Hun avait donc été forcé d’accepter cette fatalité et de prendre sur lui. Il essayait de croiser son vilain colocataire le moins possible, l’ignorant en beauté pour se garantir le plus de tranquillité possible. Après avoir fumé la totalité de son petit plaisir pourtant si nocif, il rembarqua toutes ses affaires et sortit des dortoirs en sifflotant, léger comme une plume. Les meubles du manoir défilaient sous ses yeux tout déformés, puis il en fût le même sort pour les arbres et cabanes lorsqu’il traversa le parc de son pas toujours un peu gauche, jusqu’à aboutir sur un coin du jardin qu’il investissait souvent et où peu de curieux s’aventuraient.
Là, il s’écroula lourdement sur la pelouse, dégaina de son sac la bouteille de Jack Daniels qu’il avait religieusement transporté avec lui toute la journée, en dévissa le bouchon et se mit à la téter comme un bébé tèterait son biberon de lait. Il ne faisait vraiment pas chaud, et il devait encore s’attendre à ce que l’air se refroidisse davantage à mesure que la soirée avancerait. D’ici, il voyait la mer qui entourait l’école, songea quelques secondes de s’y jeter pour s’y noyer, puis s’allongea sur le dos pour regarder le ciel gris. Les arbres montant comme des flèches semblaient prêts à lui tomber dessus. Il cru même les voir onduler, danser, se balancer comme s’ils étaient animés. Il se sentait si bien et si mal à la fois que c’en était grisant. C’était un peu comme être mort et vivant en même temps, heureux et malheureux, seul avec tout le reste du monde.
Lorsque Min Hun se réveilla - d’un vrai sommeil cette fois-ci, non pas d’une simple petite absence - il venait de se faire écrabouiller par quelque chose - qui n’y était, au passage, pas allée de main morte - qui avait eu l’audace de lui trébucher dessus. Autour de lui n’étaient que ténèbres. La lune blanche flottait haut dans le ciel. Bon Dieu, combien de temps avait-il dormi ? Au moins cinq heures ! Ici, dans ce froid mordant et l’herbe humide ? Était-il si bourré que ça ? À tâtons, il rechercha la bouteille : Min Hun la découvrit bien trop légère pour une bouteille qui était quelques heures plus tôt, à peine entamée. Mais l’heure était surtout à s’inquiéter de ce qui venait de lui rentrer dedans, car il pouvait régner de bien étranges choses dans ce parc. S’armant de sa baguette d’une main et de sa bouteille en verre de l’autre, Min Hun, toujours assit par terre, menaça par des gestes confus la forme sombre qu’il discernait à peine non loin de lui. Qu’est-ce qu’il avait mal à la tête, misère ! Il se sentait tout engourdi, presque flasque. En tout cas, pas du tout en bonne posture pour engager un combat - chose pour laquelle il n’était de toute façon jamais prêt.
▬ T-t’es qui, toi ? Qu’est-ce que tu m’veux ? |
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