( tenue )

Pensive et penchée au-dessus du fleuve, Eun Seol observait l'ondulation du récif en contre-bas, avec au cœur, un sentiment nostalgique l'envahissant. Le fait d'observer le paysage et la nature lui faisait toujours cet effet là. Étant pour une rare fois seule, la demi-vélane s'était retirée depuis quelques heures de l'académie pour flâner sans le moindre but précis dans les rues d'atlantis. Elle était bien évidemment passée devant quelques vitrines pour satisfaire sa curiosité. Il y avait de ces lieux cultes dont elle raffolait encore. Des lieux qui eux-même regorgeaient de précieux souvenirs. Puisqu'elle avait voulu être seule ce jour-ci, la belle était contrainte de refaire face aux nombreuses images que lui renvoyait son subconscient. Il lui était nettement plus difficile de lutter puisqu'il n'y avait personne pour occuper son esprit. Il suffisait d'un objet, d'une couleur ou d'une simple odeur pour ramener ses pensées de manière fatidique à lui. Im Jae Hwa. « Imbécile... ». Le pire, c'est qu'elle ne savait pas qui elle traitait d'imbécile au juste... Une question en suspend puisqu'ils étaient tous les deux en tort. Ou peut-être n'y étaient-ils pour rien. Les choses en étaient arrivés là par la faute de Eun Seol, mais Jae Hwa avait accepté son choix, donc une part en lui l'avait également souhaité... Mais quand était-il de cette autre part qui ne cessait de la torturer ? Son ex petit-ami lui manquait. Pire que ça, elle l'avait toujours su indispensable... Cela faisait presque trois semaines depuis « le break » qu'ils ne s'étaient plus revus. Trois semaines, c'était quelque chose d'énorme lorsque l'on sait que durant ces cinq dernières années, elle n'avait jamais pu se passer de lui une seule fois ! Il était un tout à ses yeux. Comme l'air qu'elle respire... Il avait toujours été spécial pour elle depuis toute petite. Les fois où ils avaient été contraint de se quitter étaient les souvenirs qui lui contractaient le plus l'estomac. Oui, ça lui faisait du mal de repenser à ça. D'autant plus qu'il ne s'agissait pas de souvenirs particulièrement joyeux, mais les images défilaient dans sa tête et elle n'en avait pas le moindre contrôle.

Comme si elle remontait le temps, Eun Seol en était revenue à penser à ce jour merveilleux qui avait marqué le début de leur retrouvailles. Le jour de la répartition. Elle s'en souvenait comme si c'était hier, alors qu'elle n'était âgé que de 15 ans. Ce jour où on l'avait réparti chez les yongwang avait été en lui-même une pure réussite. Tout comme son père, elle avait hérité de la couleur de la bravoure et de la fierté. Elle n'avait pas tellement espérée entrer chez les bulsajo. Elle aurait pu, de part ses origines, mais celles-ci étaient infimes par rapport au gène du côté de son père. Elle n'en fut que plus surprise lorsque le nom de son ancien camarade de scoot avait soudain retentit. Surprise au point de ne pouvoir décrocher ses yeux de son visage, sans vouloir y croire elle-même. Ce dernier avait été envoyé chez les bulsajo... Et comme en contradiction avec son état d'âme, la brunette l'applaudit à son tour, une petite moue déçue sur ses lèvres, parce qu'elle n'était pas dans la même maison que lui... Une fatalité qui n'en fut pas une puisque leurs chemins n'avaient cessé de se recroiser, encore et encore. Très souvent parce qu'elle le recherchait. Dissimulée derrière une porte ou derrière un mur, Eun Seol surgissait comme par magie pour créer l'inattendu. Se doutait-il aujourd'hui qu'elle avait provoqué nombreuses de leurs premières rencontres ? Elle n'avait jamais osé le lui dire car cela revenait à avouer qu'il lui plaisait sûrement déjà à cette époque. Peut-être même bien avant lui... Mais ce sentiment exaltant qui guidait le moindre de ses pas, comment en était-il arrivé à disparaître au point qu'elle se remette en question ?

Son visage s'illuminait d'un faible éclat alors qu'une larme perlait sur le coin de sa joue. Elle eut alors un triste sourire avant de ramener son dos contre la balustrade. Non elle n'allait ni sauter, ni se mettre à pleurer. Les gens qui traversaient en ce moment même ce pont n'auraient aucun soucis à se faire. Pas plus que de cet éclat inexplicable qui se reflétait dans son regard. La belle avait fini par savoir que son pouvoir de vélane surgissait toutes les fois où elle était triste ou prise d'une forte émotion. Au risque d'éveiller la curiosité ou la bizarrerie de la chose, Eun Seol n'allait pas pleurer pour attirer l'attention sur le fait qu'elle était incroyablement jolie, quand normalement, un visage en pleurs avait pour attrait d'être laid. Frissonnante, la yongwang se passa une main dans ses longs cheveux blonds. Elle regrettait de ne pas avoir pris ses gants et ses bras ne tardèrent pas l'envelopper alors qu'elle s'efforçait à maintenir un peu de chaleur dans sa veste. Et le jour, lui, était en train de tomber... Depuis combien de temps s'était-elle exilée de l'école ? Il était peut-être temps pour elle de rentrer. Du moment qu'elle ne violait pas le couvre-feu... Enfin ça, ce ne serait pas une nouveauté non plus !

D'un mouvement las, la belle se décrocha de son appuie et elle se tourna dans la direction qui la ramenait à bon quai à atlantis. Seulement, il y eut cette silhouette reconnaissable parmi mille, tant par la grandeur que par la façon de se déplacer. Jae Hwa en personne. Totalement stupéfaite, la demi-vélane n'avait alors pas réfléchie et elle s'était aussitôt détournée de ce dernier qui avançait dans sa direction... Pour autant, elle n'avait pas bougé et elle ne comptait pas le fuir. Pourquoi le fuir ? Elle avait espéré si fort le revoir après tout ce temps. Ceci dit, elle ne s'était pas préparée à cette éventualité. Loin d'être une grande calculatrice ou une perle en improvisation... Elle ne savait absolument pas quoi lui dire ! L'avait-il ne serait-ce reconnu ? Elle était devenue blonde que depuis quelques jours... « Moh... Qu'est-ce que je fais ? ». Elle en couinait sur place tout en gesticulant comme une grosse gamine. Finalement, elle avait fini par se cacher le visage avec l'aide de ses mains. Rouge de honte, d'agir ainsi. Mais oui, elle était bien en train de faire l'autruche là ! Et elle était censée lui refaire face comment maintenant ?

Cela faisait presque trois semaines maintenant qu’il était redevenu célibataire, ou quasiment. Au départ, il s’était persuadé que les choses allaient reprendre et que ce n’était qu’une mauvaise passe, autant pour elle que pour lui. Mais plus les jours passaient, et plus il se demandait si cette « mauvaise passe » n’était pas plutôt une passe définitive. Il avait bien sûr essayé de reprendre contact avec elle en tapant de nombreux messages sur son téléphone pour ensuite les effacer, toujours insatisfait. Que pouvait-il bien lui dire ? « allez seol, tu ne crois pas que l’on se fait du mal pour rien ? on était bien ensemble, non ? », « tu sais, j’me suis senti forcé de te laisser, comment tu peux me faire ça !? » ou « tu me manques. » Jae était passé par toutes sortes d’états, la colère, la tristesse ou l’anxiété. Il se sentait terriblement seul maintenant qu’il n’était plus réellement avec, maintenant qu’ils ne passaient plus autant de temps ensemble. Un break, c’est fait pour ça après tout, non ? Essayer de passer un peu moins de temps avec l’autre pour remettre ses idées en place. Le problème, c’est que même après presque trois semaines, il ne savait toujours pas quoi penser de leur relation. Pire encore, il se sentait plus perdu qu’autre chose. Jaehwa poussa un soupir tout en remontant le col de sa veste, il avait senti comme le besoin de prendre l’air. Un brin de nostalgie dans le cœur, à cet instant ; il ne sentait pas de colère mais un profond manque au fond de lui.

Il s’appuya sur la rambarde du pont, rivant son regard vers le couché de soleil. Le bulsajo frissonna, cachant son visage dans son col pour se protéger du vent, sortant finalement son portable de sa poche. Il s’humecta les lèvres, hésitant avant d’appuyer sur le bouton central pour allumer l’écran et le déverrouiller. Machinalement, il appuya sur l’icône pour envoyer un message, un message qu’il ne connaissait pas encore, un message qu’il hésitait encore et toujours à taper. Il ressentait le besoin de la voir, de la sentir contre lui. Elle ne lui manquait pas uniquement moralement mais physiquement aussi. Les accolades, les embrassades, les caresses et parfois même tout son corps entier lorsqu’ils faisaient l’amour. « imbécile. » il abandonna, glissant son portable dans sa poche en se résignant. Il n’avait pas envie d’être le mec chiant, le mec qui supplie parce que ce n’était pas son genre. De plus, il ne l’avait pas réellement retenue lors de son « départ », alors, il n’était pas vraiment dans le droit de revenir vers elle de cette façon. Il ressentait toujours une forme de colère à son égard et il avait bien trop peur de la laisser éclater face à elle. Et si elle finissait par ne jamais revenir ? Et si c’était réellement terminé ? Une pointe de douleur passa dans sa poitrine, cette éventualité lui pendait au nez, mais il s’arrangeait toujours pour l’écarter. Oui, il gardait espoir, peut-être un espoir vain, mais il ne pouvait pas se résoudre à ne plus y croire, pas avoir passé tous ses mois avec elle sans le moindre problème, sans la moindre grosse dispute. Ensemble, ils formaient cette espèce de couple parfait, ceux que l’on admire sans savoir pourquoi.

Le bulsajo s’écarta de la rambarde lentement, le vent commençait à lui mordre les joues et les faire rougir désagréablement. Il pensa qu’il était peut-être temps d’aller boire un café brûlant dans un établissement proche, ou peut-être même une bonne au beurre ? C’était une bonne idée, ça allait forcément lui remonter le moral. Jaehwa glissa ses mains dans les poches de sa veste pour finalement retirer l’écharpe qu’il avait roulée en boule dedans. Il l’enfila autour de son cou, se couvrant tant bien que mal avant de tirer sur les lanières de son bonnet pour le remettre correctement sur sa tête. Il fallait bien ça pour franchir le vent du pont et rester vivant en arrivant au bout. Le mauve se remit à marcher, plutôt rapidement, arrivant finalement à hauteur d’une silhouette qu’il ne reconnu pas tout de suite. Il posa toutefois son regard sur elle et fronça les sourcils, pleurait-elle ? Son visage était caché dans ses mains et ses cheveux couleur blé flottaient au vent, venant lécher ses doigts de temps à autre. Il s’apprêtait à passer son chemin quand ses yeux se rivèrent vers un bijou ornant son doigt, il n’y était pas indifférent et cela souleva quelques vieux souvenirs dans sa tête. La connaissait-il ? Son parfum vint ensuite lui chatouiller les narines et, sans vraiment réfléchir, il parla lentement ; « eun seol … ? c’est toi ? » Il lui demandait, mais, au final, il était bien sûr que c’était la jeune fille qui se tenait devant lui. Sans gène, il guida sa main vers celles de la demoiselle pour les tirer de son visage et le libérer, son cœur ratant quelques battements en découvrant la yongwang. Qu’est-ce qu’elle faisait ici ? Se cachait-elle de lui ? Voulait-elle l’éviter et passer inaperçue ? Il fronça les sourcils, perdu, et se retint de lui dire qu’il était presque vexé devant son comportement. Lui, il était heureux de la revoir, plus qu’heureux. Il espérait encore croiser son chemin dix minutes auparavant et la voilà maintenant là, comme si Dieu en personne s’était occupé de réaliser ses prières. Le demi-géant relâcha la main de la jeune femme pour la poser sur son épaule, la sentant trembloter sous ses doigts. Elle ne semblait pas couverte, pourtant, il ne faisait pas chaud et l’hiver tardait à léguer sa place au printemps, qu’avait-elle en tête ? « tu veux attraper une pneumonie ou quoi ? allons bon … tu … vas attraper froid, seol. » Il détourna les yeux sur le côté, ne sachant pas vraiment comment se comporter avec elle. Il n’avait pas envie de gâcher ce moment à la sermonner, mais il n’avait pas non plus envie de la voir se transformer en glaçon sous ses yeux. Sans prévenir, il l’attira contre lui avant de passer ses bras autour de ses frêles épaules. Elle pouvait toujours le repousser et cette idée lui faisait peu peur, c’est évident, mais la voir trembler ainsi sous ses yeux ne lui faisait pas plaisir. « ne tombe pas malade, s’il te plait. »

Était-ce un rêve ? Non, si cela en avait été un elle n'aurait jamais réagit aussi bêtement ! Pas après l'avoir si intensément voulu... Pourquoi diable ne réfléchissait-elle jamais avant d'agir ? Son attitude risquait de le blesser, et cette éventualité lui donnait froid dans le dos. Elle frissonna à la simple idée qu'il se vexe ou lui en veuille pour de bon. C'était certes très idiot, mais il lui semblait que chaque petits détails avaient sa part d'importance. Puis elle frissonna encore à cause du vent marin. A cela bien sûr, elle n'était pas assez couverte. Mais en quittant le dortoir un peu plus tôt, un soleil encourageant l'avait poussé à aller prendre l'air, bien que le degré de température restait faible. Sentir les rayons du soleil contre sa peau lui procurait toujours un bien fou. Ce printemps qui tardait à venir n'influençait guère son envie, ou plutôt, son insouciance à vouloir ressortir ses beaux vêtements. Et encore elle avait pensé à enfiler un collant opaque ! C'était toujours ça même si un bon vieux jean's aurait été plus adéquate. Peu importe, la jaune ne reviendrait pas sur son choix vestimentaire. Si elle se retrouvait là à grelotter à cause de son obstination, c'était bien fait pour elle. Pour dire vrai, Eun Seol ne s'était pas attendue à trainer aussi longtemps en ville. Quoi que l'on dise, le temps n'avait cessé de défiler depuis son départ et il n'existait bientôt plus le moindre rayonnement pour satisfaire son envie de beau jour. Pour autant, il y avait déjà cette autre personne pour lui apporter cette chaleur indéfinissable, juste là, sur le côté gauche de sa poitrine. Comme une flamme qui se rallumait sans prévenir et qui réveillait en elle des sentiments égarés, la belle tressaillit une fois de plus en entendant son nom. Elle n'avait pas bougé malgré l'étonnement, mais elle se demanda comment il avait su. A ce stade précis il lui était inutile de rester cacher... Mais puisqu'elle ne bougeait toujours pas, Jae Hwa avait fini par intervenir par lui-même. Comme une évidence, son cœur fit un bond magistrale dans sa poitrine et la yongwang se sentit poussé à intervenir, à répliquer n'importe quoi expliquant son geste. Rien de très fameux, évidemment... « Oh tu m'as trouvé ! … J'ai toujours été nulle à ce jeu... et... et puis... tu comptes trop vite ! » Mais de quoi était-elle en train de parler ? Ça... seul Jae Hwa serait en mesure de le comprendre... ou peut-être pas, vu le contexte disproportionné. Mais peut-être allait-il finir par percuter sur ses derniers mots ? « tu comptes trop vite ». C'était un reproche qu'elle lui avait toujours fait étant enfant, lorsqu'ils s'amusaient à jouer à cache/cache avec tous les autres du camp de vacances.

Réplique bidon pour un acte aussi irréfléchi que bidon. C'était du Eun Seol tout craché. Malgré cela, Jae Hwa ne semblait pas enclin à rire, s'inquiétant même pour elle. Évidemment elle était la seule à déconner, toujours pour parer son manque de répartie et de jugeote lorsque la situation la dépassait. Elle-même avait horreur de ça. Parler et gesticuler pour ne rien dire... Mais c'était en faisant la pitre qu'elle se voilait la face. Qu'elle pouvait ainsi cacher son embarras ou ses craintes. Sauf qu'il ne serait certainement pas dupe... Et voir à quel point il se souciait encore de sa santé la fit frisonner de plus belle. Elle ne répondit rien à cela mais elle s'était finalement laissé attirer dans ses bras lorsqu'il la ramena contre lui. Bien qu'un peu surprise, la demi-vélane n'avait cependant pas hésité à l'encercler autour de la taille. Cela lui paraissait si naturel. Si normal. Comment pouvait-elle le repousser alors qu'elle se sentait enfin revivre en sa présence ? Tendrement, elle l'étreignit au point de se demander si elle devrait un jour le relâcher. Maintenant qu'elle se retrouvait là, dans cette situation, il lui était clairement impossible de reculer. Tellement de choses se bousculaient dans sa tête, et pire encore dans son estomac. Elle n'en revenait décidément pas et se demandait alors si tout cela était bien réel. Cette chaleur, ce contact et cette voix si familière qu'elle aimait tant mais qui se souciait tant pour elle... Tous ses gestes et ses mots la touchaient en plein cœur. Toujours en l'étreignant un peu plus fort, ses lèvres s'étaient finalement entrouvertes pour y laisser échapper un murmure à peine audible. « Babo... espèce de babo... tu sais que je ne tombe jamais malade... ». Elle avait poussé un léger rire pour finalement trouver la force de se détacher un peu de lui. Son visage rencontrant le sien, elle avait écarté l'optique de l'embrasser même si une folie passagère l'y aurait conduis. La petite voix dans sa tête lui rappela qu'elle n'était plus en droit de faire ça. Qu'ils avaient rompu...Enfin non, une rupture était définitive alors qu'un break n'était qu'une rupture... avec un énorme point d'interrogation. C'était tout du moins ainsi qu'elle le percevait. Peut-être aussi pour éviter les responsabilités ou pour ne pas avoir à le regretter... Quelle qu'en soit la raison, la jolie blonde n'était plus tout à fait sûre de rien. Maintenant qu'elle se retrouvait face lui, ses doutes disparaissaient et les vieilles habitudes semblaient se réinstaller. C'était comme retrouver une partie d'elle-même qu'elle avait mis trop longtemps de côté. Jae Hwa était le morceau manquant de son puzzle. Elle le réalisait maintenant qu'elle se retrouvait face à lui. Il lui avait terriblement manqué...

« En fait... j'ai peut-être un peu froid... »admit-elle, un sourire timide sur ses lèvres. La demi-vélane se montra plus attentive que jamais, plongeant son regard dans celui du bulsajo comme à l'attente d'une confirmation. Elle attendait de voir si elle pouvait se montrer, disons, elle-même... pour ne pas dire, comme d'habitude. Tant bien que mal, elle n'avait pas tellement hésité avant de glisser ses mains frigorifiées dans la veste à Jae Hwa, un sourire espiègle au minois. Elle n'avait pas ses gants et il n'avait pas besoin de ses poches, donc bon... C'était une chose qu'elle s'était toujours amusé à faire comme prétexte pour se coller à lui. Et même avant qu'ils ne se mettent ensemble, la yongwang possédait ses petites manies auprès du jeune homme, comme piocher dans son assiette, lui chatouiller les oreilles, se hisser sur ses pieds afin d'atteindre son visage et lui offrir un bisou esquimau... Il y avait tellement de choses qu'elle ne les comptait même plus. Pour ce dernier point, elle s'abstiendrait tout de même de le faire ! Malgré la proximité, la blondinette se sentait à l'aise parce qu'il s'agissait de Jae Hwa. Néanmoins, son visage s'empourpra légèrement lorsqu'elle eut en tête de lui avouer une chose qui lui tenait à cœur. Un peu embarrassée au vu de la situation, la jaune détourna légèrement le regard lorsqu'elle dévoila ses mots dans un souffle. « Tu m'as manqué. »

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire léger. Il venait de se faire traiter d’imbécile et cela l’amusait toujours autant lorsqu’il s’agissait d’Eun Seol. Il savait que ce n’était pas méchant, ils avaient tous les deux pour habitude de se taquiner mutuellement de la sorte, que ce soit amicalement ou amoureusement d’ailleurs. Il l’étreignit plus fort lorsqu’elle supposa avoir un peu froid. Devait-il lui donner sa veste ? Lui-même n’était pas habillé chaudement au dessous de sa veste, mais il était prêt à le faire si c’était pour lui éviter de tomber malade. Autant dire qu’il tenait fortement à elle, qu’importe la relation. Il frissonna en sentant les mains de la jeune femme venir se glisser à l’intérieur de sa veste, le faisant soupirer doucement. Il avait l’impression d’être revenu trois semaines auparavant, comme s’il ne s’était absolument rien passé de négatif entre eux deux. Il déglutit lentement, ne sachant pas réellement comment se comporter avec la jeune femme. Quelles étaient les limites, maintenant ? Allait-elle tolérer une simple marque d’affection ? Pouvait-il l’embrasser ? Sans doute pas, il s’en doutait, c’était l’essence même d’un break. Il se contrôla, tant bien que mal, pour garder une certaine distance physique et morale avec elle. Il ne voulait pas la décevoir, si na blesser. Il ne voulait pas non plus risquer de la perdre ou de la faire fuir. Alors le bulsajo se contenta de garder le silence, tenant la jeune fille contre lui, lui frottant le dos tendrement. Elle prit la parole, lui soufflant quelques mots, faisant rater quelques battements de son cœur au passage. « tu m'as manqué. » sa voix semblait si douce, si calme. Il pouvait sentir, en effet, toutes ses émotions et il espérait qu’elle aussi puisse sentir les siennes, aussi véritables et sincères. Il riva son regard vers elle, échappant au sien sans doute trop timide et son cœur s’apaisa instantanément. « tu m’as manqué aussi, seol. » que pouvait-il lui dire de plus ? Il avait l’impression d’avoir vidé son sac grâce à ces quelques mots qui venaient directement du fond de son cœur. A défaut de pouvoir l’embrasser pour lui prouver sa sincérité et sa joie de la retrouver ainsi, il posa ses lèvres sur sa joue tendue, froide et rougie. Il laissa ses lèvres glisser sur sa peau, lentement, avant d’y laisser un baiser doux et chaleureux. C’est fou ce que ça lui avait manqué. Dans le fond, on ne se rend compte que de ce genre de choses quand elles s’échappent et disparaissent, n’est-ce pas ? Il posa ses yeux sur sa cheveux l’or et attrapa une de ses mèches entre ses doigts pour la glisser derrière son oreille. « tu es … tu as changé de couleur de cheveux… » et c’était plutôt une réussite. Il ne la trouvait que plus belle encore même si ses cheveux bruns lui allaient bien aussi. Le mauve désirait la complimenter mais avait un peu peur de lui paraître sans conversation, de lui donner l’impression de se rabattre sur les sujets faciles alors que ce n’était objectivement pas le cas. « … ça te va vraiment bien, tu sais.. » il baissa les yeux, évitant de rougir devant elle, il n’avait pas envie de passer pour un type niais mais, il était évident, que le plaisir de la retrouver à nouveau ne le laissait pas de marbre.

Jaehwa poussa un nouveau soupir, de bienêtre peut-être, et il resserra son étreinte lorsqu’il sentit la demoiselle frissonner dans ses bras au nouveau coup de vent. Il avait oublié que la nuit commençait à tomber et que le froid allait être bien plus mordant une fois que les rayons du soleil partiront. « on … ne devrait pas rester sur le pont, seol, tu vas finir par réellement tomber malade et je m’en voudrais. » il s’en voudrait de l’avoir retenue ainsi, ici, et même s’il n’avait aucune envie de se séparer d’elle, il préférait penser à son bien plutôt que ses petites envies superficielles. Elle ne l’avait pas rejeté pour son étreinte alors pourquoi le ferait-elle plus tard, il n’y avait pas de raison. Il se sépara toutefois de son écharpe, l’enlevant pour venir la passer autour du cou de la jeune yongwang. Il veilla à couvrir sa nuque au maximum, glissant ensuite sa main dans ses cheveux pour les laisser retomber au dessus de ses épaules, comme une fine pluie d’étoiles. Il remit correctement les mèches de part et d’autre de son visage, celles-ci l’encadrant joliment. Eun Seol était une belle fille, ou plutôt, une belle femme. Il l’avait toujours trouvée agréable à regarder et même s’il n’était pas tombé amoureux de son physique, ce dernier ne lui avait jamais déplu. Que pensait-elle de lui ? Parfois, il se l’était demandé, le trouvait-elle beau ? Concordait-il avec ses goûts ? Ils n’avaient jamais eu ce genre de conversation entre eux car cela semblait réellement trop futile. Le physique importe bien peu lorsqu’on connaît une personne depuis autant de temps. Il se sépara alors, laissant la jeune femme ajuster correctement l’échapper pleine de l’odeur du plus grand. Il n’aimait pas user des fragrances, mais depuis qu’il courtisait, il se plaisait à s’en mettre un peu. Juste de quoi chatouiller les narines d’autrui sans le déranger.

Le bulsajo lui destina un sourire qui se voulait plutôt rassurant. « et si je t’invitais pour aller boire un verre, tu viendrais ? » heureusement, il avait pris de quoi payer avec lui, lui qui avait toujours la tête en l’air habituellement. Il ne voulait pas lui imposer parce que ce n’était pas dans ses habitudes d’imposer ses choix aux autres. Elle avait bien le droit de faire les choses comme elle le désirait, elle ne lui devait rien. Et si elle déclinait, alors, il ne chercherait pas à l’embêter plus que ça. Il passa furtivement sa langue sur ses lèvres, se reculant d’elle pour finalement passer son bras autour de ses frêles épaules. Il ne comptait pas la laisser repartir ainsi, même si elle décidait de reprendre le chemin de l’école, il tenait à l’accompagner jusque là, peut-être même qu’il rentrerait lui aussi, bien sagement.

« tu m’as manqué aussi, seol. » A ces mots elle ne put s'empêcher de sourire bêtement, sans qu'elle puisse y remédier en une quelconque façon. C'était comme si ce sourire ne daignait plus quitter ses lèvres. Aussi étrange que cela puisse être. La demi-vélane se laissa complètement attendrir lorsque le bulsajo vint déposer un tendre baiser sur sa joue. Cette même zone déjà bien rosée par le froid et par l'effet qu'il lui procurait s'amplifia à vue d'œil, au point que son sourire se tordit en une mimique gênée. Eun Seol rougissait face à un contact aussi simple et aussi anodin fusse-t-il. Touchée en plein cœur comme pouvait l'être une enfant rencontrant son premier émoi, la blondinette avait fini par pousser un doux rire cristallin, clairement embarrassé non pas forcément pour ce geste en lui-même mais par sa propre réaction. Elle se trouvait tout à fait sotte. Comme une gosse incapable de tenir en place. Elle se serait déjà mise à sautiller frénétiquement sous l'anxiété si Jae Hwa ne la retenait pas contre lui. Bon dieu, sa faiblesse la perdra. Comment pouvait-il la déstabiliser par des gestes aussi simples ? La distance qu'ils s'étaient infligés l'aurait-elle rendue plus sensible qu'elle ne l'était déjà ? Alors qu'il replaçait délicatement une mèche de ses cheveux couleur blé derrière son oreille, Eun Seol rentra instinctivement sa tête dans ses épaules avant de relever un regard vers lui, une lueur espiègle se reflétant dans ses grands yeux noisettes. « Hé Hwa... si tu continues à faire ça je risque de me mettre très en colère... je t'ai déjà fais pleurer je te signale... tu n'as pas peur ? ». Probablement pas lorsque c'était dit sur un ton aussi léger, voir même, ambiguë. La jeune femme en colère faisait véritablement peur lorsque celle qui prétendait pouvoir le devenir était tout ce qu'il y avait de plus taquine. Évidemment qu'elle ne comptait pas lui crier dessus, ni même lui reprocher quoi que ce soit. Cela pouvait paraître déplacé ou totalement incohérent, mais une toute petite partie en elle souhaitait même qu'il ne s'arrête jamais. Elle adorait sa tendresse, sa façon d'être, ses mots si doux et cette façon qu'il avait de se comporter avec elle. Il ne se montrait pas ainsi avec les autres filles. Encore heureux d'ailleurs. Mais même au-delà de leur affection commune passant outre l'amitié ou l'amour, Jae Hwa s'était toujours comporté différemment avec elle. Probablement parce qu'il lui était plus qu'inutile de jouer un rôle en sa présence. Après tout, ils se connaissaient depuis si longtemps... Ils n'avaient absolument rien à se cacher. Elle ne se souvenait pas lui avoir déjà menti en quoi que ce soit.

A son commentaire au sujet de sa nouvelle coloration - pour ne pas dire décoloration - la yongwang étira un nouveau long et tendre sourire de ses lèvres. « … ça te va vraiment bien, tu sais.. » Et l'idiote qu'elle était se retrouvait une nouvelle fois attendrie et à la fois amusée parce que lui aussi, avait fini par rougir. Dans le genre niais, ils méritaient probablement une palme d'argent ! Voir des couples se comporter ainsi la faisait toujours doucement rire... Pour autant, lorsqu'il s'agissait de leur cas, elle s'en fichait étonnement au point de trouver ce comportement trop mignon. Oui c'était sûrement très bête et affligeant, mais en cet instant Jae Hwa ne cessait de l'intimider comme s'il s'agissait de la toute première fois. Comme si ces gestes étaient les toutes premières marques d'affection à son égard. Il y en avait eu tellement d'autres avant ceux-là, mais aller savoir pourquoi, elle frissonnait sous ses doigts, au moindre malheureux contact, et retombait progressivement sous son charme... Comme si les pendules venaient d'être remises à zéro. Comme si tout ce temps n'avaient pas été perdus mais juste retrouvés, de la manière la plus naturelle qui soit. On s'en demanderait même si ce break ne lui avait pas servi à la faire se souvenir de ces émotions pourtant simples, capable d'ébranler le cœur d'une pauvre demi-vélane comme elle. « … moh... arrêtes de dire ce genre de chose, hwa... quelle tête je dois avoir ? » répliquait-elle alors qu'elle ressortait les mains de sa veste pour les déposer contre ses joues, encore rouge.

Il y eut alors une brise glaciale pour lui glacer le sang dans les veines. Une brise qui la fit sursauter alors que ses longs cheveux d'ange se soulevaient en dansant dans les airs. A cela intervint la remarque pour le moins judicieuse de son cadet du fait qu'ils avaient tout intérêt à quitter le pont au plus vite, si effectivement, elle tenait un minimum à sa santé. Cette vérité lui arracha un rire assez gêné. Il n'avait pas tort sur ce dernier point et elle finirait malade - si ce n'est en glaçon - s'ils restaient une minute de plus dans le secteur. Pour autant, elle n'avait aucune envie de quitter cet endroit si c'était pour se retrouver loin de lui... Une pensée plus que futile qui la fit divaguer lorsque, surprise par son geste, le jeune homme se débarrassa de son écharpe pour la placer autour de son cou. Délicatement et avec tant d'attention... Il s'était même chargé de lui dégager les cheveux d'une façon si prévenante et spontanée qu'elle ne put s'empêcher de réagir après l'avoir très doucement repoussé par l'épaule. « Hé ! Je peux le faire moi-même... tu me prends pour une enfant ?... ». Une question qui n'en était pas une alors qu'elle profitait de la chaleur de son écharpe si réconfortante et douillette, camouflant par la même occasion, la partie basse de son minois écrevisse. Sans l'avoir au préalable recherché, elle humecta l'odeur du mauve. Un parfum qui lui rappelait bien des souvenirs et qui la fit sourire plus tendrement encore. Elle avait fini par lever son pousse en l'air, les yeux rieurs, en réponse à son invitation pour aller boire une boisson au chaud. En y réfléchissant bien, elle venait une nouvelle fois de se comporter comme une gosse surexcitée là ? Mah... Ce n'était pas comme s'il n'y était pas habitué en fait... Puis vint le moment où ils durent partir. Oui... puisqu'il le fallait. Elle se laissa simplement guider par le jeune homme lorsqu'il passa ses bras autour de ses épaules, ne repoussant aucunement cette proximité qui lui apportait une chaleur humaine dont elle ne refusait pas. C'était un peu profiter de la situation, bien que d'un sens, elle restait intimement persuadé qu'il en faisait tout autant...

« Oh allons-là ! C'est ici qu'ils servent les meilleures bières au beurre... et la dernière fois on a eu le droit à l'apéro party, tu te souviens ? » Non non Eun Seol n'avait pas du tout en tête de se bourrer la gueule. Elle n'était pas non plus une fanatique des boissons alcoolisés, et NON elle ne gesticulait pas une gamine alors que ses pieds tapaient frénétiquement le sol, dans des bonds plus qu'euphoriques... Les mains accrochées à son bras, la demi-vélane fit légèrement pression sur ce dernier, lui dévoilant une moue attendrissante mais tout aussi comique à voir alors qu'ils venaient de dépasser les portes du dit bar. Bar qu'ils avaient bravés ensemble par le passé, il y a quelques mois de cela pour dire vrai. « Et dis pas que ça te déplairais parce que la dernière fois... j'ai dû te récupérer à la petite cuillère... ». Petite anecdote non négligeable qu'elle se permit de lui rappeler, un fin sourire en poche. Elle avait fini par prendre les devants, se fichant bien de son avis ou de l'alcool du moment qu'elle pouvait se poser enfin au chaud... De toute façon, le bar ne s'essaierait plus à vendre des boissons alcoolisés à des mineurs. A part une bière au beurre, ils se tiendraient aussi sages que des images. C'est ainsi qu'elle était après tout ? Douce et totalement innocente... « Bonsoir ! Une place pour deux s'il vous plait. ». Sa joie et son sourire étonnement communicatif parut ébranler le pauvre serveur, peut-être éblouit par autant de beauté ou de spontanéité émanant de la demoiselle... Il fallait dire qu'elle rayonnait de vie. Très loin de ce vent glacial et de la solitude qu'elle aurait pu ressentir, Jae Hwa était apparut comme un rayon de soleil et sa simple présence était comme parvenue à redonner un sens à sa vie. Eun Seol commanda également pour eux deux lorsque le serveur resta tout près d'elle à gribouiller sur son bloc note. Il prit finalement congé après une brève inclinaison avant de repartir vers la foule. Dans le bar, une bonne partie de la clientèle s'était tourné vers les jeunes arrivistes, visiblement intrigués par la grandeur de l'un et par l'attraction de la seconde. Enfin, c'était le sentiment qu'avait toujours regorgé leur duo, aussi loin qu'ils s'en souviennent. C'était peut-être pour cette raison s'ils étaient plutôt populaires à Akiwa... « Tiens, ton écharpe... et merci encore. » dit-elle alors qu'elle déposait son bien sur le bord de la table.