Est-ce exagérer si j’ai l’impression que tout s’effondre? J’avais besoin de faire ce que j’ai fait, j’avais besoin de lui dire, je n’en pouvais plus dans le fond de le garder pour moi. Je ne suis pas le genre de personne qui ne dit pas ce qu’elle pense, alors pourquoi lui cacher le secret le plus cher que j’avais ? elle sait tout de moi, un peu plus, qu’est-ce que ça change ? pour moi ça ne change rien, je voulais juste qu’elle sache, parce que pour moi, rien n’aurait raison d’être changé. Je l’aime, je l’ai toujours aimée, et je me suis toujours comporté en marge avec mes sentiments. Seulement aujourd’hui nous sommes adulte, alors, je veux que les choses soient dites. Et malgré tout, j’ai le sentiment que ça ne va pas se passer de la sorte. Elle ne voit pas les choses de mon œil ? ne voit-elle donc pas que je suis sincère ? que je ne veux qu’elle ? que ça a toujours été comme ça ?

Je l’aime, d’un amour sincère, et qui ne veut aucun mal. Je l’aime, et je veux qu’elle le sache, qu’elle le sente. Je ne veux pas la blesser… je le répète sans cesse, un peu comme un fou qui essaie de convaincre la foule. Mais je ne suis pas fou, juste amoureux. C’est ça. Et je n’en ai que faire des lois d’étique et des politiquement correctes. Ce n’est pas pour moi, ça ne l’a jamais été, à partir du moment où tu effaces ton passé, où toi-même tu deviens un fantôme, qu’est-ce que le reste peut bien te foutre ? rien, absolument rien. Je suis égoiste et certainement écervelé, mais… je me sens plus léger, j’ai une boule au ventre et mon cœur me fait mal, mais je l’ai dit, je l’ai fait, j’ai eu le courage de le faire. Je ne vais pas m’arrêter si près du but, je ne peux pas faire ça.

Xiaolin, je la garde précieusement contre moi. Ne réalise-t-elle pas que c’est la chose et la personne les plus précieux que je possède ? c’est mon trésor, ma fierté, c’est avec elle que j’ai appris à avoir un minimum gout pour la vie, c’est elle qui me donne la force de me lever le matin. C’est cliché, kitsch de dire ça, mais pourquoi utiliser d’autres mots quand ceux-là conviennent si bien ? son front chaud se pose contre mon épaule nue. Elle est épuisée, et je ne peux que me sentir désolé, extremement désolé de lui faire subir ça ce soir, à des heures pareilles alors qu’elle est exténuée. Je garde silence, elle parle, elle dit ce qu’elle a sur le cœur.

En somme, ma princesse a peur. Je garde silence et j’écoute. J’écoute et analyse attentivement chacun de ses dires. Ça me détruit de l’entendre dire tout ça, ça m’achève. Sa peur, ma colère, font un mélange explosif en moi. Je garde silence, pendant de longues minutes, caressant ses cheveux, jouant avec ses mèches, les enroulant autour de mes doigts. Je ne vois pas les couleurs dans le noir, mais je sens la douceur de ses cheveux entre mes doigts, c’est soyeux, c’est attirant, c’est parfait. Elle toute entière est parfaite à mes yeux, trop parfaite, mais ça ne me fait pas peur. La perfection fait peur parait-il, mais je m’en fous, je m’en fous tout simplement. Je l’aime, ne veut-elle pas écouter ?

« je ne m’en contente pas, parce que je sais que ce n’est pas suffisant, mon cœur me crie que ce n’est pas suffisant, ça ne l’est plus. » dis-je en brisant le silence que je maintenais depuis des minutes. Ce n'est pas suffisant, parce que je sais que ce n'est pas tout ce que tu as à dire ma princesse. Je caresse encore et toujours ses cheveux, et encore un peu sa joue, sa joue que je sais rougie par les pleurs et les confessions qu’elle me fait, malgré l’obscurité. « pourquoi avoir peur alors que c’est moi qui ai commencé… ? » je pose mon front contre le sien, les yeux clos. « non princesse, il n’y a rien de mal, il n’y a pas de « ce n’est pas bien », toi et moi sommes très bien placés pour dire que le bien et le mal ne sont que des excuses derrière lesquelles le reste des gens se cachent. C’est de la merde de dire ça, c’est stupide, c’est sans sens. On a le même sang, on a toujours vécu ensemble, oui je suis ton grand frère, mais ce n’est pas ça qui va m’empêcher de t’aimer. Le ciel et la terre étaient frère et sœur, et pourtant ils se sont aimés pour pouvoir créer de la vie. Je ne dis pas que nous soyons ces deux là, je te dis juste que le regard des autres je m’en fous. C’est notre vie, pas la leur… » Je prends le temps de souffler, de reprendre une inspiration, et de me rendre compte que je suis en apnée. Mon corps entier tremble, et j’ignore pourquoi. Enfin, si, je sais pourquoi, parce que la colère ne m’a pas quittée, colère dont je ne saurais expliquer la raison. Je continue de parler, doucement, tout comme elle, je ne veux pas qu’elle soit davantage effrayée. « Je n’ai pas peur Xiaolin, parce que je sais que personne ne pourra t’aimer comme je t’aime. Je n’ai pas peur parce que mes sentiments sont sincères, purs, je ne veux rien de toi, enfin si, mais c’est juste une pointe d’égoisme alors… je veux juste que tu saches, que rien ne changera. Si tu m’acceptes en tant qu’homme, alors je serai plus proche encore de toi, il n’y aura plus besoin de contrôle quant à toi. Mais si tu veux que je ne reste que ton frère, alors, rien ne bougera. Je serai le meme, exactement le même, parce que je n’aurais aucune raison de t’en vouloir. » Elle embrasse ma joue et dit encore quelque chose, alors que je la porte, pour la déposer dans son lit et la border. Je me penche, et embrasse une nouvelle fois ses magnifiques lèvres, avec amour, avec douceur, m’attardant sur sa lèvre inférieure, puis me relève, prenant déjà le chemin de la porte, en parlant à voix basse, mais assez audible pour qu’elle entende sans gêne. « Je t’aime depuis toujours Xiaolin, depuis le jour où tes petits yeux se sont posés sur moi. »

Mes jambes me mènent hors de la chambre, mais je ne retourne pas dans la mienne. Je fais les cents pas dans le salon, me prenant la tête entre les mains. Je veux sortir de l’appart, aller courir, je ne sais pas, me défouler, mais je ne peux pas la laisser seule. Je n’ai pas le droit de faire ça.