« Je... » Elle ? Elle quoi, au juste... ? Non parce que. Elle. Elle venait de gémir, là, non ? Ce petit bruit significatif, aussi discret fut-il, n'échappa pas à l’ouïe affinée du loup. Et pire encore, ce même bruit ridicule avait conditionné le cerveau de Noah et il s'était imaginé une scène un peu trop coquine, pour l'heure. Ainsi donc, ses yeux avait atterri dans le décolleté de Lucy presque automatiquement. Il était innocent, purement innocent. Ses yeux s'écarquillèrent à la vue d'un soutien-gorge en dentelle rose. Non mais. Sans rire ? C'était à croire à une caméra cachée ; on se foutait de lui. Le rouge lui monta soudain aux joues. Elle devait avoir la culotte qui suivait avec le haut, à tous les coups... Il prit une grande inspiration et tourna brusquement la tête, gêné. C'était peut-être maintenant qu'il allait saigner du nez, tien... Sauf que lui non plus n'eut pas assez de temps pour ça puisqu'il aperçut un jeune homme aux allures un peu supérieures. Noah arqua un sourcil, dérangé, oubliant bien vite cette histoire de sous-vêtements. Ça se voyait pas, qu'ils étaient occupés, là ? Qu'est-ce qu'il venait foutre là, ce type. Quand Lucy bondit littéralement pour se relever, il réprima de justesse un sursaut et se releva tout aussi vite. Ça ne sentait vraiment, vraiment pas bon. Il y avait comme une tension, ce genre d'éréthisme soudain, même, qui nous dévore de l'intérieur. Pourquoi ? Le sixième sens animal, sans doute, qui captait à merveille les émotions humaines. L'Hotinya n'avait pas l'aura de quelqu'un de vraiment sincère et en effet, quand il prit la parole pour s'excuser, Noah n'entendit qu'un crissement plutôt qu'une douce mélodie. Apparemment, c'était ce sale con qui avait poussé Lucy dans cette eau trouble qui lui faisait si peur. A cette déduction, l'alpha sentit les premières vagues de colère éreinter son corps. Oui, c'était fatiguant, il subissait le yoyo constant des émotions. A cause de ses sentiments, il avait une carte de fidélité pour les montagnes russes. Ce n'était pas sa nature que d'être agressif mais quand on joue un rôle trop longtemps, on finit par s'y accommoder. C'est bien pour ça qu'il avait déjà envie de le frapper : on ne touchait pas à Lucy, c'était un fait. Un peu trop amoureux et protecteur peut-être, mais il voulait seulement son bien. De part leurs passés presque similaires, il était d'autant plus concerné par son bien-être, il voulait tout faire pour elle et il le ferait, un jour. Si seulement il n'avait pas aussi peur de se manger le plus beau vent de toute l'histoire de la planète. Peut-être que ça serait trop dur de se faire abandonner par la personne la plus importante. Tellement plus importante que son père, cet enculé. Oups... Noah partait en vrille. Voilà tout ce que lui inspirait cet Hotinya de malheur en une simple phrase. Ça ne s'arrangea pas à son bref regard vers le loup qui fit sentir à ce dernier un tel état de rejet qu'il se voyait déjà lui faire boire toute l'eau du lac à l'aide d'une paille plantée dans le trou de son fion. Connard. « On peut... sûrement... s'arranger, tu sais ? » Ah non non non. Non non. On peut pas, non. Son regard vacillait, de Lucy à Yong Nam. Un soupir, un second, on aurait presque vu son sang pulser dans ses veines. Ce petit merdeux était trop proche de la jolie blonde. De sa jolie blonde. Alors quoi, il la terrifiait et ensuite il voulait la sauter ? Il voulait surtout un poing dans sa gueule, oui. Noah claqua sa langue contre son palais, signe que le mâle alpha allait peut-être apparaître. Les premiers symptômes d'une transformation, en tout cas, étaient bel et bien présents. A voir si sa condition d'humain allait suffire à péter la gueule de ce troufion.

D'un geste sûr, Noah attrapa la main de Lucy pour tirer la jeune fille vers lui. Après un petit sourire et quelques minuscules secondes d'admiration pour son visage si joli, il la laissa observer seule ce que ses pulsions de loup-garou provoquaient en lui. « Tu fous quoi, là ? On était en train de parler, je te signale. » Et mon poing dans ta face va te signaler que je t'emmerde. Sans prévenir, Noah se retourna vers Yong Nam et lui asséna un coup de poing bien visé. Malheureusement pour cet abruti, l'Hytrist avait une force supérieure au commun des mortels ; quel dommage. Noah se réjouissait déjà de voir le sang couler de son nez. Alors qu'il attrapait son col, il claqua violemment son front contre le sien et laissa tomber son corps endolori et surpris par terre avant de se ruer sur lui, en une position qui rappelait un loup maintenant sa proie au sol. « Tu te sens bien, fils de pute ?! » Le beau brun ne faisait jamais attention à ce qu'il disait quand il était dans cet état, et il ne regrettait pourtant jamais aucune de ses paroles. Une rotule sur le côté pour avoir un appui, les mains empêchant cet enfoiré de se débattre, son second genou vint durement taper contre les parties intimes de l'Hotinya qui hurla à la mort avant de tenter un coup vers Noah. Un coup de femmelette, d'ailleurs, que l'alpha esquiva avec une facilité déconcertante, ses nerfs le contrôlant et lui accordant l'agilité et l'adresse du loup. « Ne pense même pas à l'approcher à moins de dix mètres où je serais là pour t'égorger petit à petit à coups de griffes, je te jure. Sale enflure, paie-toi une putain de conscience. Et des couilles. » Après un nouveau violent coup dans la zone sensible, Noah se releva et se retint de vraiment lui cracher dessus, mais il avait plus de classe que ça, pas vrai ? Après un souffle court, il se tint immobile, essayant de dresser les spasmes significatifs, les sentant meurtrir ses muscles. Se transformer maintenant serait vraiment horrible, il n'osait même pas l'imaginer. Il lança un coup de pied dans les côtes de Yong Nam, excessif et surtout excédé. « Et putain, casse-toi de là ! » Ce que l'Hotinya fit en titubant et en se courbant en avant, jurant et marmonnant sûrement qu'il aurait la peau du loup pour en faire une cape. C'est ça, guignol.

Quant à Noah, il tentait de reprendre une respiration saine alors qu'il s'accroupit au sol, la tête cachée dans ses mains qui se contractaient en se mêlant à ses cheveux. A bout de nerfs, à bout de souffle, des envies de meurtre parcourant son esprit, il avait l'air... seul et pathétique. Il ne voulait pas regarder Lucy. Qu'est-ce qu'elle allait dire ? Et lui ? Il devrait encore prétendre que "personne ne touche à sa meilleure amie" quand il voudrait plutôt assurer que "personne ne touche à la femme de sa vie."